L'origine de la musique thérapeutique
'Bien au-delà des musiques de relaxation proposées dans le commerce, la musique composée par Emmanuel Comte permet d'obtenir la création d' « états » de songe ou d'hypnose, qui restent à définir et que l'on peut dans tous les cas utiliser dans la pratique d'un bloc opératoire. Cette musique est actuellement utilisée dans la préparation des anesthésies générales pendant l'installation du malade : Elle permet d'induire un état qui prépare aux techniques d'anesthésie et permet à ces techniques une plus grande efficacité. Elle est utilisée aussi dans le cadre des anesthésies locales : Elle permet à ces patients d'échapper totalement au « moment opératoire », c'est-à-dire oublier la contrainte du lieu géographique, du bruit inhérent aux interventions et de la longueur même des interventions. Elle favorise la création d'images mentales agréables, à un type de description de voyages ou de descriptif de situation agréable qui permet au patient d'oublier totalement l'inconfort de l'installation, voire les douleurs ressenties au cours d'une intervention. Des études sont menées actuellement pour caractériser ce genre d' « état » et améliorer encore leur importance.'
Dr Yves-Gabriel Heynen
L'effet Comte
La musique et la magie des sons m'accompagnent depuis mon plus jeune âge à travers l'instrument que j'ai étudié : la flûte-à-bec.
Vers l'âge de 4 ans il m'a été conté l'histoire du joueur de flûte (Pied Piper) qui m'a initié à la magie des sons et à leur pouvoir hypnotique.
L'enseignement musical que j'ai reçu depuis l'âge de 7 ans m'a ensuite été d'un grand secours quand à 18 ans j'ai été soigné pour un cancer. Je me souviens d'avoir joué sur mon lit d'hôpital.
Comme le son de mon instrument parcourait les corridors de l'étage, des patients m'ont réclamé afin que j'aille jouer auprès d'eux. Les infirmières m'ont invité à le faire. Cela a été le départ d'une grande aventure : soigner grâce à ma flûte.
Une nouvelle voie s'est ainsi ouverte à moi, et j'ai entrepris une démarche de recherche, m'intéressant au pouvoir thérapeutique des sons et de la musique.
Après plus de vingt ans de recherches et d'études, je suis en mesure d'utiliser et d'apprendre à utiliser les sons et les fréquences dans un but thérapeutique et harmonisant.
Bien avant d'être malade en 1977, j'avais commencé à composer de la musique de manière précoce, et après mon cancer, j'ai décidé de me consacrer à la création sonore et à la recherche, dans un but thérapeutique.
Description et intérêt
En 1988, soit onze ans après que je sois tombé malade, j'ai enregistré ma première cassette intitulée « Occidentale Sagesse », Musique pour la sérénité. « Musique du Ciel » a suivi un an plus tard.
Ces références ont toutes deux une durée approximative de 72 minutes. Elles sont interprétées à la flûte-à-bec avec pour chacune d'elles une courte plage de chant diphonique (technique vocale permettant d'émettre plusieurs sons avec une seule voix).
Des chants d'oiseaux et certains bruits naturels d'eau sont intercalés entre ou pendant les plages sonores, dans le but de renforcer l'atmosphère de relaxation profonde. Seule Musique du Ciel est encore disponible.
L'instrument utilisé, la flûte, symbolise un archétype sonore, souvent associé à la religiosité. Il nous recentre et nous ramène à l'essentiel.
On retrouve la flûte dans la religion hindoue avec Krishna, dans la mythologie grecque avec Pan ou dans la tradition soufie avec les Derviches. Dans Occidentale Sagesse et Musique du Ciel, le rythme est très lent ou inexistant.
Il fluctue et varie au gré des phrases musicales. Il n'obéit à aucune pulsation mécanique.
La musique est soliste et a capella, c'est-à-dire que l'instrument joue seul et qu'il n'y a aucun accompagnement.
Elle se déroule dans le temps comme une succession de phrases sonores, fluides et linéaires. Il n'y a pas de mélodie.
Chaque phrase est suivie d'un silence.
Le son se diffuse alors dans la résonance de l'acoustique naturelle des abbayes où la musique a été enregistrée.
Ces pauses répétées permettent la reprise du souffle et l'évanescence de l'onde sonore.
Elles donnent à la musique un caractère silencieux, à la fois inhabituel, agréable et profondément relaxant.
Cette musique dépasse la définition actuelle du mot dont l'utilisation prête à confusion.
Une fois ces deux cassettes éditées, les témoignages ont commencé à affluer.
Des infirmières ont réclamé mes cassettes pour l'accompagnement des mourants, les trouvant particulièrement adaptées.
J'ai même été demandé pour aller jouer directement auprès de l'un d'eux.
Les propriétés thérapeutiques de la Musique thérapeutique ont été confirmées à partir de 1993.
Le Dr Yves Heynen, chirurgien vasculaire, a utilisé mes deux cassettes sur plus de 4 000 patients lors d'interventions chirurgicales.
Cette expérimentation a été réalisée dans les salles d'opération de la Clinique Jeanne d'Arc, à Vichy, France.
En 1996, Le Dr Heynen a réalisé une étude clinique portant sur 50 malades, où la cassette intitulée: « Musique du Ciel », était écoutée durant l'anesthésie locale.
Chaque intervention durait approximativement une heure.
Il en est ressorti une baisse significative de l'anxiété et de la douleur, ainsi qu'une augmentation du confort du patient.
Depuis mon arrivée au Québec en 1994, j'ai joué au chevet de patients dans de nombreux hôpitaux, essentiellement en soins prolongés, gérontologie, oncologie et soins palliatifs.
Outremer, j'ai pu jouer aussi dans plusieurs salles d'opération, en chirurgie vasculaire et soin des brûlés.
Partout où je me suis déplacé, j'ai été bien accueilli.
Ainsi de nombreuses personnes ont pu bénéficier de cette musique pour le bien-être, réclamant après mon passage, de pouvoir écouter mes cassettes.
Les témoignages sont toujours émouvants et les infirmières sont le plus souvent étonnées des effets de cette musique si particulière sur leurs patients et sur elles-mêmes.
L'usage de la Musique thérapeutique est bénéfique en oncologie, en soins palliatifs et pour l'apaisement des souffrances reliées au deuil.
L'intérêt est se transpose naturellement aussi pour accompagner la vie, dans le domaine de la massothérapie et autres approches thérapeutiques, ainsi que pour accompagner la prière, la relaxations et la méditation.
La mort bienheureuse
La musique et la mort
Le thème de la mort a été illustré musicalement depuis la nuit des temps. Certains compositeurs l'ont évoquée au moyen du drame ou de l'opéra comme à l'époque romantique par exemple. D'autres ont cherché à exprimer par les sons et la musique un hommage au disparu et à offrir à ceux qui restent soutien et compassion. Plus rarement, quelques uns ont composé des oraisons sonores pour accompagner les mourants eux-mêmes dans leurs derniers instants, favorisant ainsi une mort consciente et harmonieuse. L'aspect de loin le plus répandu concerne l'hommage musical post-mortem rendu au défunt.
Il existe aussi tous les Requiem, De Profundis et autres Passions, écrits par Campra, Bach, Mozart, Schütz ou Fauré. Ces musiques rendent hommage aux morts et sont exprimées le plus souvent, dans un concept religieux. Elles permettent de donner du réconfort aux personnes qui vivent leur deuil et favorisent une réflexion d'ordre spirituel. Le second aspect traitant de l'illustration du thème de la mort dans l'art musical, ne concerne non plus l'hommage post-mortem, mais l'accompagnement de la personne humaine dans le processus de son mourir. Ces musiques vont donc concerner directement les mourants aux moments qui précèdent ou qui suivent immédiatement leur mort. Rares sont les compositeurs qui ont écrit de telles musiques depuis 500 ans. Il faut remonter avant la Renaissance pour trouver dans certaines traditions des vestiges musicaux de rites spécifiques pour les mourants.
La mort et la souffrance
Au Moyen-âge, la vie monastique encourageait une mort consciente appelée Transitus, c'est-à-dire passage. Issues des traditions bénédictines, franciscaines et cisterciennes, ces litanies et répons ont été mis au goût du jour par la chercheure américaine Thérèse Schroeder-Shaker qui se définit elle-même comme une « accoucheuse de mourants ». Nous trouvons aussi dans le bouddhisme des prières et des chants de compassion en lien avec la tradition, rappelée dans le Livre des Morts Tibétain. Il en existait à l'époque de l'Égypte ancienne et aussi chez les Grecs.
Cet aspect de l'accompagnement musical des mourants reste aujourd'hui confidentiel ou concerne des traditions religieuses spécifiques. Des musiques nombreuses et variées issues du répertoire peuvent convenir pour l'accompagnement de ceux qui meurent, en tenant compte de leurs goûts et de leurs choix.
Néanmoins, nous allons nous intéresser ici à des musiques thérapeutiques conçues spécifiquement pour eux.
L'accompagnement sonore et musical de la mort et des mourants tel que nous le pratiquons depuis 1992 et que nous présentons dans les lignes qui suivent est une approche nouvelle, non-confessionnelle, tout en restant religieuse, au sens qu'elle nous relie à l'infini et aux vérités éternelles. L'accompagnement pour la « Mort Bienheureuse » grâce à la « Musique Thérapeutique » s'inscrit dans le cadre du soulagement global des souffrances et à un apport de bien-être grâce à un programme sonore dont l'origine remonte à 1988, date à partir de laquellenous avons composé et édité les premières « Musiques Thérapeutiques », issues elles-mêmes de 10 ans de recherches antérieures
Si la prescription médicale de cette musique concerne les soins palliatifs, du fait des souffrances vécues par les êtres humains au moment de la mort, notez qu'elle est efficace aussi pour humaniser d'autres soins, tels l'oncologie, l'anesthésie, le soin des brûlés, la cardiologie, les soins prolongés, les soins intensifs, la pédiatrie, la maternité... .
La mort bienheureuse
De nos jours, la mort est vécue la plupart du temps avec beaucoup de stress, d'inquiétude et de souffrance.
Cela est dû au fait que la maladie étant de plus en plus maîtrisée par la science et par la médecine, la mort est dans bien des cas vécue comme un échec médical.
Heureusement, grâce aux progrès de la médecine, le traitement de la douleur liée aux maladies en phase terminale ne cesse de s'améliorer. Néanmoins beaucoup reste à faire pour permettre à toute personne qui en aurait besoin d'avoir accès à un programme de soins palliatifs. En effet il existe aujourd'hui au sein du système de santé, plusieurs priorités médicales concurrentes. La religiosité face à la mort est quasiment inexistante dans une société où l'idéologie de l'avoir et du savoir prédominent largement.
Emmanuel Comte - Musique et soins palliatifs
Être confronté à sa mort c'est se retrouver à l'heure du bilan de sa propre vie, à la porte du néant, là où ni l'avoir ni le savoir n'ont une quelconque valeur marchande. Dans notre société vieillissante, le nombre de personnes confrontées à la maladie et à la mort ne cesse d'augmenter, la souffrance et l'angoisse qui leur sont liées aussi.
Si le traitement médical de la douleur est de plus en plus maîtrisé, il n'existe quasiment rien pour soulager la souffrance des personnes soignées en phase terminale de leur maladie, de celle de leurs proches ainsi que celle des intervenants qui les soignent.
Nous établissons une distinction entre la souffrance et la douleur : la souffrance englobe le caractère psychophysiologique de la condition humaine, alors que la douleur ne reste qu'à un niveau strictement physique.
La médecine progresse beaucoup dans la compréhension bio-chimique de son mécanisme.
En revanche, il n'existe aucun médicament comme le font nos musiques.
Depuis 1989 les musiques que nous avons composées sont utilisées dans un contexte thérapeutique afin de soulager les souffrance.
Emmanuel Comte, 1996