Intérêt de la musique thérapeutique dans un service chirurgie vasculaire

Intérêt de la musique thérapeutique d'Emmanuel Comte dans un service chirurgie vasculaire

Yves Heynen MD. et al. (Dr Yves-Gabriel Heynen, Dr P. Larnaudie, Dr M. Pourrieux, E. Comte), Clinique Jeanne d'Arc, Vichy, France, 1996.

Résumé

Nous avons un réel intérêt pour utiliser de la musique en salle d'opération depuis 1983. Cela nous permet d'améliorer l'ambiance opératoire. La découverte de la musique d'Emmanuel Comte en 1993 nous a permis de constater des effets que nous n'avions jamais soupçonnés auparavant avec d'autres musiques. Après avoir opéré 250 personnes avec la musique d'Emmanuel Comte, nous avons clairement constaté chez nos patients une grande déconnexion, très favorable à la réalisation d'anesthésies locales. Nous avons constaté une baisse significative du stress opératoire et de la douleur. Ces observations ont été confirmées par une étude comparative portant sur 50 malades répartis en deux groupes : le groupe A n'avait aucune aide et le groupe B bénéficiait de la musique d'Emmanuel Comte intitulée " Musique du Ciel " et d'un accompagnement parlé de type hypnose (hypnose Ericksonnienne). L'étude démontre une baisse significative de l'angoisse et de la douleur, ainsi qu'une augmentation significative du confort.

Travaux réalisés dans les blocs opératoires de la Clinique Jeanne d'Arc Vichy, France Dr Yves-Gabriel Heynen Chirurgien vasculaire Ancien interne des Hôpitaux de Lyon Ancien chef de clinique à la Faculté Assistant des Hôpitaux Membre du Collège Français de Chirurgie Vasculaire

Introduction

Depuis 1983, nous utilisons, à l'instar de nombreuses équipes chirurgicales, de la musique en salle d'opération.

C'est la rencontre avec Emmanuel Comte en octobre 1993 qui a totalement bouleversé notre expérience et nous a permis d'envisager d'autres utilisations à la musicothérapie. C'est cette expérience que nous pouvons rapporter aujourd'hui.

Expériences antérieures

Entre 1983 et 1993, nous avons testé différents types de musique. Nous avons remarqué que les musiques dites classiques ne peuvent constituer qu'un bruit de fond et ne permettent que d'améliorer une ambiance éprouvante.

Seuls les patients déjà musiciens ou connaisseurs peuvent véritablement lâcher prise et se fondre dans la musique.

Usage des musiques classiques

Ces musiques peuvent constituer une musique d'ambiance dans les couloirs menant à un bloc opératoire, à condition d'être douces et agréables à l'audition. Elles peuvent être utilisées pendant les anesthésies générales pour favoriser l'harmonie d'une équipe ou être utilisées au réveil par l'intermédiaire d'écouteurs, afin d'améliorer les conditions de celui-là. Le choix de telles musiques est une affaire d'expérience et le malade peut facilement y participer.

Au niveau du bloc opératoire, les installations classiques de sonorisation stéréophoniques sont adéquates, de même que l'utilisation d'écouteurs, si le patient souhaite une écoute plus privative.

Usage des musiques de relaxation

Nous avons aussi utilisé des musiques dites de relaxation. On demande à ce genre de musique un bénéfice plus évident dans le déroulement d'une anesthésie.

La relaxation doit rassurer le patient, le calmer, constituer en quelque sorte l'équivalent d'une prémédication à une intervention.

Ces musiques sont à utiliser soit avant une intervention s'il s'agit d'une opération sous anesthésie générale, soit pendant l'intervention si l'opération se fait sous anesthésie locale. Nous avons utilisé de nombreux types de ces musiques qui ont apporté un certain degré de confort aux patients. Mais dans le cadre particulier d'une intervention, les musiques dites de relaxation ne nous ont jamais permis de supprimer la prémédication ou d'aider les patients particulièrement angoissés.

À notre avis, seuls les patients longuement entraînés à la relaxation peuvent bénéficier de ce genre de musique en pareille situation.

 

Découverte des musiques d'Emmanuel Comte

Premières observations cliniques

Depuis novembre 1993 nous utilisons la musique d'Emmanuel Comte. Nous avons constaté des réactions au niveau des patients que nous n'avions jamais soupçonnées auparavant, après 10 ans de pratique en musique.

Un état de conscience modifié

Nous avons constaté que la musique d'Emmanuel Comte créait un état de conscience modifié et permettait quelquefois d'obtenir des déconnexions plus importantes : les patients échappent d'une manière franche dans les temps et dans le lieu aux contraintes d'un bloc opératoire et d'une intervention chirurgicale.

Avantages pour l'anesthésie

Ce type d'état de conscience modifié est particulièrement favorable à la réalisation d'anesthésies locales, car il permet d'en diminuer considérablement la dose et donc les risques inhérents pour le patient.

La musique d'Emmanuel Comte permet de supporter extrêmement facilement ce type d'anesthésie, puisque le stress lié à la présence dans le bloc opératoire ou l'appréhension à la douleur disparaît quasi totalement.

Pour ce dernier type de musicothérapie, les musiques intitulées Musique du Ciel et Occidentale Sagesse sont particulièrement bien adaptées.

Nous avons utilisé ces deux œuvres chez 250 malades opérés d'un éveinage par insuffisance veineuse (NDLR plus de 3000 patients en 2001).

Premières conclusions

La musique d'Emmanuel Comte permet de créer un état qui reste à définir.

Elle a pu créer un tel détachement du corps, que dans certains cas où l'anesthésie locale n'avait pas endormi le nerf crural, ou imparfaitement, il a été possible de poursuivre l'intervention dans des territoires non anesthésiés, sans aucune aide supplémentaire.

Nous avons voulu confirmer ces résultats dans une étude clinique.

Étude comparative sur 50 malades répartis en deux groupes

NB. Cette étude a fait l'objet d'un film et a été présentée lors du congrès L'hypnose, un passage vers la guérison, organisé par l'Institut Québécois d'Hypnose Ericksonnienne (IQTHE), qui s'est tenu à Sherbrooke, Québec, Canada, du 9 au 14 août 1996.

Avertissement

Cette étude avait été prévue au départ pour être réalisée sur un échantillonnage de 100 malades répartis en deux groupes. Nous avons dû le réduire à une population de 50 patients répartis en deux groupes. Il nous a été difficile de recruter des personnes pour le groupe B (Sans aucune aide), où les patients se plaignaient de ne pas avoir droit à la musique. Le résultat de cette étude pourront être jugés comme étant non significatifs compte tenu du nombre insuffisant de patients répartis dans les deux groupes. Néanmoins, les résultats obtenus ont confirmé ce que mon équipe et moi avions constaté auparavant sur des centaines de malades

1 - Protocole

Dans tous les cas, il a été réalisé une anesthésie tronculaire du nerf crural en salle d'induction. Le malade reçoit un comprimé d'Atarax en prémédication. Il est ensuite conduit en salle d'opération où les champs opératoires sont disposés. La table d'opération a été modifiée pour offrir un confort de type chaise longue au patient

2 - Durée de l'intervention - Système d'écoute

 

 

L'intervention dure 45 minutes. Dès qu'elle débute, la musique intitulée Musique du Ciel d'Emmanuel Comte est diffusée en continu grâce à des hauts parleurs holophoniques placés dans les deux salles d'opération. Ce système holophonique (holophones de type Intégrales couplées à un amplificateur stéréophonique et à un lecteur de disques compacts), permet la restitution fidèle de la qualité sonore, avec restitution du son en 3D. Le niveau sonore a été réglé afin qu'il ne couvre pas la voix du chirurgien. En outre, le personnel a été réduit au minimum et a été entraîné à la discrétion, afin de réduire autant qu'il était possible tout stress sonore indésirable (instruments chirurgicaux, portes, bruits, conversations…)

3- Musique et hypnose

Dans un souci de rationalisation pour l'équipe soignante, nous procédons surtout en utilisant la fixation de l'audition du patient sur la musique. La musique est utilisée pour potentialiser l'anesthésie et améliorer le confort opératoire. En plus de la fixation sur la musique, nous utilisons l'hypnose de type conversationnelle.

Cette technique consiste en un accompagnement verbal qui utilise le questionnement-ratification, la métaphore-conte ou plus rarement l'accompagnement dans un loisir ou un souvenir agréable.

 L'hypnose associée à la musique d'Emmanuel Comte nous a permis dans tous les cas de relaxer efficacement les personnes agitées ou anxieuses, autorisant l'intervention sans aide pharmacologique supplémentaire.

Dans la plupart des cas, elle a permis aux patients d'oublier le moment opératoire, autorisant parfois même des gestes simples dans des zones peu ou pas anesthésiées.

4 - Description

Cette étude comparative a été réalisée sur un total de 50 malades répartis en deux groupes. Le groupe A bénéficiait de musique et d'hypnose et le groupe B n'avait aucune aide.

Les paramètres étudiés ont été :

¤ Le confort (Opératoire - Post-opératoire)
¤ L'angoisse (Pré-opératoire - Opératoire - Post-opératoire) -
¤ La douleur (Opératoire - Post-opératoire)

Les appréciations ont été recueillies par le chirurgien auprès du patient selon une échelle analogique graduée de 0 à 10.

- Le confort o Opératoire o Post-opératoire

- L'angoisse o Pré-opératoire o Opératoire o Post-opératoire

- La douleur o Opératoire o Post-opératoire

Les appréciations ont été recueillies par le chirurgien auprès du patient selon une échelle analogique graduée de 0 à 10.

5 - Analyse des résultats

Voici ce que montre les écarts d'angoisse, de confort et de douleur chez les patients opérés avec musique et hypnose (groupe A) et ceux opérés sans aucune aide (groupe B).

Étude comparative portant sur 50 malades répartis en 2 groupes :

Angoisse Pré-opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 3.2 - Écart -36%
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : 5

Opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 2.1 - Écart -54%
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : 4.6

Post-opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 1.05
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : 0.7

Confort opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 7.5 - Écart +29.4%
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : 5.8

Post-opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 7.05 - Écart +41%
¤ Groupe B / Échelle de 0 à 10 : .5

Douleur opératoires

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 1.5 - Écart : -72.6%
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : 5.5

Post-opératoire

¤ Groupe A - Échelle de 0 à 10 : 2.55 - Écart +41%
¤ Groupe B - Échelle de 0 à 10 : .2.9 - Écart -13%

Groupe A : Opération avec Musique d'Emmanuel Comte et hypnose Groupe

Groupe B : Opération sans aucune aide (groupe témoin)

a) Diminution de l'angoisse

Sur l'échelle de 0 à 10, l'angoisse pré-opératoire est passée de 5 dans le groupe témoin à 3.2 dans le groupe d'étude, soit une baisse de -36%.

Sur la même échelle, l'angoisse opératoire est passée de 4.6 dans le groupe B à 2.1 dans le groupe A, soit une baisse de -54%.

En ce qui concerne l'écart noté concernant l'angoisse post-opératoire, il est non-significatif.

b) Augmentation du confort

Sur l'échelle analogique de 0 à 10, le confort opératoire est passé de 5.8 dans le groupe témoin (B) à 7.5 dans le groupe d'étude (A), soit une augmentation du confort de +41%.

c) Diminution de la douleur

La diminution de la douleur opératoire a été notée sur la même échelle à 5.5 dans le groupe B contre 1.5 dans le groupe A, soit une diminution de la sensation de douleur pendant l'opération de 72.6%.

La diminution de la douleur post-opératoire donne un écart de 13% en faveur du groupe A, qui a été jugé comme étant non-significatif.

6 Discussion et conclusion

Dans 80% des cas, la technique de musique + hypnose a permis de modifier l'idée stressante du temps opératoire et tous les patients du groupe A étaient prêts à subir une autre chirurgie sous anesthésie locale, dans les mêmes conditions.

Les résultats nous montrent d'une façon évidente qu'il y a une nette amélioration du confort du patient :

  • augmentation de +29% avant l'opération et de +41% pendant.

L'angoisse quant à elle est diminuée de manière significative :

  • baisse de 36% en pré-opératoire et de -54% pendant l'opération.

En ce qui concerne la douleur, la baisse de -72% pendant l'opération dans le groupe d'étude montre à quel point les patients du groupe A ont apprécié cette nouvelle médecine.

Cette étude montre que l'utilisation de la musique d'Emmanuel Comte peut efficacement contribuer à aborder plus sereinement l'hospitalisation.

Elle permet de diminuer de manière significative toute la pathologie liée au stress opératoire, par la baisse de l'angoisse de la douleur, ainsi que par l'augmentation du confort du patient.

Dr Yves HEYNEN

Clinique Jeanne d'Arc Vichy - France
Juillet 1996